L’éducation du chiot commence bien avant sa naissance. Quoi???
Et oui, avant même sa conception on doit déjà penser « éducation ». La première enseignante pour votre chiot est sa mère. La chienne doit donc posséder les qualités requises pour bien éduquer ses chiots.
Une chienne anxieuse, peureuse, agressive ou aboyeuse ne fera jamais une bonne éducatrice. Pourquoi? Tout simplement parce que les chiots copient les réactions de la maman. Si la chienne aboi dès qu’elle est seule parce qu’elle souffre d’anxiété, les chiots auront de fortes chances de souffrir d’anxiété eux aussi ou d’aboiements excessifs. Si la mère est agressive et qu’on ne peut pas approcher les chiots sans qu’elle montre les dents, les chiots développeront une peur instinctive de l’humain et certains d’entre eux pourraient devenir agressifs. Si la chienne est peureuse, elle enseignera la méfiance à ses chiots. Il faut donc commencer l’éducation des chiots par le choix d’une femelle stable et bien dans sa tête.
Deuxième chose à se souvenir; pendant la gestation, les chiots ressentent les émotions de la maman. Il faut donc que la chienne soit gardée dans un environnement calme et non dans un chenil qui est un milieu très anxiogène. Il faudra aussi caresser son ventre régulièrement. On habituera ainsi les chiots au contact physique. Après la naissance, en tenant compte des stades de développement des chiots, il faudra les manipuler régulièrement et leur offrir un environnement enrichissant (couleurs, jouets, formes, etc ). Les chiots devront apprendre à être social avec les humains de tous âges mais aussi avec d’autres chiens et des animaux domestiques (chats, lapins, etc).
Des chiots nés dans un sous-sol, dans un chenil, un garage ou au fond du jardin seront moins bien préparés à la vie familiale chez les humains. Les premières semaines de vie sont capitales pour l’avenir du chiot de compagnie. La socialisation est très importante pour le développement du chiot. Une excellente socialisation se fait non seulement chez l’éleveur mais aussi dans des environnements inconnus. Malheureusement, trop d’éleveurs ont peur que la maladie saute sur leurs chiots et ils négligent la préparation des chiots pour leur vie future. Un chiot qui est très social chez l’éleveur ne sera pas nécessairement social dans un environnement inconnu et n’aura pas obligatoirement une bonne capacité d’adaptation.
L’idéal pour une portée c’est de naître dans la maison. Les chiots seront gardés dans la cuisine (l’endroit le plus stimulant et où les gens passent tous les jours). Les chiots seront sortis à l’extérieur dès l’âge de 4-5 semaines et iront faire des promenades en voiture afin de visiter des endroits nouveaux. Un parc, un groupe scouts, la maison d’un ami ou d’un membre de la famille sont autant d’endroits sécuritaires. Ce qu’il faut éviter ce sont les endroits tels que les parcs à chiens, les animaleries… les endroits à risque.
Ces visites permettront au chiot de développer sa confiance et sa capacité d’adaptation via de nouvelles odeurs, de nouvelles textures et bien plus encore.
Oui il y a un risque « minime » que les chiots attrapent une maladie… mais souvenez-vous de ceci : un chiot qui sort voir le monde a un risque d’être malade, mais un chiot qui ne sort pas sera assurément malade. La santé d’un chiot ne doit pas se limiter à la santé physique, mais doit tenir compte de la santé psychologique. Je suis moi-même éleveur et je sors mes chiots avec leur maman. Tant et aussi longtemps que la maman allaite ses chiots, ceux-ci reçoivent des anticorps maternels qui les protègent. Comme la chienne est la première éducatrice et comme son lait protège les chiots, pourquoi forcer un sevrage précoce? Dans la nature les loups et les chiens sauvages tel le Dingo vont sevrer leurs chiots seulement après l’âge de 3 mois. Un chiot a besoin de contact avec ses frères et sœurs jusqu’à l’âge de 7 semaines et sa mère a un rôle important pour son développement jusqu’à l’âge minimal de 6 semaines. Des chiots sevrés trop jeunes ou qui sont séparés de leur frères et sœurs trop tôt auront immanquablement des problèmes de comportement.
Conclusion, un environnement stimulant sera bénéfique. Un chiot qui a eu un bon « inprinting » à l’apprentissage et des expériences variés dans les premières semaines de sa vie s’adaptera plus facilement à toutes nouvelles situations et continuera à apprendre toute sa vie. Il est absolument faux de dire qu’après un certain âge il n’y a plus rien à faire (excluant certaines pathologies comportementales). Plus le chien est âgé, plus l’apprentissage sera long… spécialement s’il n’a pas reçu de bonnes bases en bas âge. Mais rien n’est impossible à ceux qui le veulent vraiment.
L’éducation du chiot est donc la responsabilité tant de l’éleveur que du nouveau propriétaire et commence bien avant sa naissance.
Publié le 30 décembre 2010 sur johanneparent.over-blog.com
Auteur : Johanne Parent
éleveur, éducateur canin, intervenant et coach en comportement canin