La pandémie que nous vivons en 2020 affecte-t-elle le prix des chiots et des chatons? Malheureusement oui, comme en témoignait le Journal de Montréal dimanche le 18 octobre 2020, dans un article sur la hausse exorbitante du prix des chiots en période de pandémie. Des éleveurs de Golden Retriever et de Bulldog Français expliquaient cette exagération des prix au JdM.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/18/des-eleveurs-de-chiens-denoncent-les-profiteurs
Je vois et constate ce fait aussi. J’ai donc décidé d’en parler afin de compléter cet article du JdM en vous parlant d’inflation normale.
Normalement, l’inflation générale de la province, du pays ou mondiale, va affecter le prix des chiots et des chatons à la hausse de façon progressive. Par exemple, il y a 30 ans, le prix moyen d’un chien de race pure se situait autour de 500$ à 800$ selon la popularité ou la rareté de la race. Ce prix est passé à une moyenne de 800$ à 1500$ il y a 20 ans, alors qu’aujourd’hui la majorité des éleveurs de race pure vendent leurs chiots entre 2000$ et 3500$ (exception avec les races exigeant insémination et/ou césarienne dont le prix est plus près du 5000$).
Comme la pandémie que nous vivons en 2020 a créé une demande beaucoup plus grande que l’offre habituelle, ça a eu pour effet d’augmenter le temps d’attente pour un chiot chez les éleveurs membres du club Canin Canadien.
Pour répondre à la demande, des éleveurs moins scrupuleux en profitent pour se remplir les poches. Certains “éleveux” profitent de cette pandémie pour tripler, voir quadrupler, le prix de leurs chiots sans papiers. D’autres en ont profité pour importer des chiots des pays de l’est européen qu’ils revendent ici à gros prix. Le problème majeur est que ces chiots proviennent généralement d’usines (puppymills) et de parents non testés génétiquement parlant. De ce fait, plusieurs acheteurs ont eu à débourser des frais vétérinaires énormes pour la santé de leur nouveau chiot. Ce même phénomène se produit aussi chez les chats de race pure.
Pendant que les éleveurs professionnels ont une liste d’attente, les “éleveux” se font souvent payer cash et ne déclarent pas leurs revenus d’élevage pour fin d’impôts. Ce travail au noir leur permet de s’en mettre plein les poches, souvent au détriment du client.
Le problème de notre société actuelle est que les gens refusent d’attendre. Ils veulent leur chiot ou chaton là, maintenant. Ils sont prêt à payer plus cher pour ne pas devoir attendre. Je me suis fait offrir 3500$ pour un chiot Eurasier de ma dernière portée, pour passer devant les gens qui étaient déjà sur ma liste! J’ai refusé, parce que je ne fais pas d’élevage dans le but de faire du cash, mais bien dans le but de partager une passion avec des familles qui deviennent souvent des amis à long terme.
Avant de payer 1000$ et plus pour un chiot sans papiers, ou pire (genre 3000$ pour un croisé de 4 races comme j’ai vu dans une annonce dernièrement), demandez-vous ce qui est le plus important pour vous. Est-ce d’avoir un chiot à n’importe quel prix? Est-ce d’encourager le travail au noir d’un simple “éleveux” de basse gamme? Est-ce d’avoir un chiot équilibré, en santé et qui correspond aux qualités de ses parents?
Parfois, mieux vaut attendre plus longtemps que d’acheter sur un coup de tête. Sans compter que certains croisements sont souvent instables au niveau émotionnel et comportemental (peur excessive, anxiété, agressivité).
P.S. Il est totalement faux de prétendre que le prix des papiers est élevé! Enregistrer la portée, puis un chiot au Club Canin Canadien, incluant son transfert de propriété, coûte moins de 100$ même pour un éleveur non membre du CCC. De plus, selon la Loi Canadienne sur la Généalogie des Animaux, il est illégal de vendre un chien de race sans qu’il soit enregistré dans un registre reconnu (Club Canin Canadien, Fédération Canine du Canada).
Auteur : Johanne Parent
éleveur, éducateur canin, intervenant et coach en comportement canin