La protection des ressources est l’excuse favorite utilisée par de nombreux éducateurs canins. Je m’explique. Le chien grogne, montre les dents, tente de mordre parce qu’il est sur le canapé, sur un fauteuil ou sur le lit. Il réagit comme ça parce qu’il a un os, un biscuit, un jouet, un vêtement ou une couverture entre les pattes. Ou alors, il explose de rage si on tente d’approcher son bol de nourriture. Toutes ces situations sont qualifiées de protection des ressources, mais en sont-elles vraiment?
Par définition, une ressource est ce qui favorise la survie. L’oxygène est une ressource, ainsi que la nourriture. En fait, tout ce qui menace la survie de l’individu, s’il ne le possède pas, devient une ressource.
En quoi le lit, le canapé, le jouet ou la couverture devient-il une ressource? En quoi le jouet ou un vêtement devient-il une ressource?
Il y a quelques années de ça, le Golden Retriever de ma belle-sœur s’enfuyait de la salle de lavage avec un sous-vêtement féminin dans la gueule se baladant fièrement devant les invités et grognant quand elle tentait de le lui enlever. Était-ce de la protection de ressource?
Mon vieux Sunny, un Chien Finnois de Laponie âgé de 12 ans, ne s’intéresse absolument pas à l’os à mâcher qui se trouve à ses côtés… jusqu’au moment où son fils Charlie, 2 ans, s’approche. Dès cet instant, Sunny monte la garde de l’os. Il grogne, montre les dents… et branle la queue! Est-ce de la protection de ressource?
Par observation des interactions quotidiennes de mes chiens, j’ai surtout l’impression que ce sont des jeux naturels entre eux. En effet, à peine 2 minutes plus tard, le père et le fils jouent ensemble!
Par observation des comportements de nombreux chiens de clients, je crois qu’il s’agit tout simplement de communication dictée, parfois par le besoin social et, d’autres fois, par une mauvaise communication.
Le chien doit apprendre qu’il n’y a aucune ressource à protéger, puisque son gîte et couvert lui sont fournis par son propriétaire. Il est donc de mise d’orienter ce comportement dès son apparition. Le chiot commence à grogner lorsqu’on approche de son bol ou de son jouet? Il faut orienter ce comportement vers un jeu acceptable dont on prend le contrôle. On dicte les règles et le chiot apprend qu’il n’a pas à se sentir menacer par votre présence près de SON objet.
Le chien doit apprendre les comportements permis, ainsi que les comportements interdits. Le renforcement positif vous aidera à consolider sous forme de récompense les comportements désirés. Mais que faire avec les comportements indésirables?
On ne peut pas simplement attendre que le chien produise le bon comportement, tout en ignorant le mauvais comportement, car dans ce cas, je suis prête à parier que le problème s’intensifiera au lieu de diminuer! L’extinction ne peut pas se produire, puisque le chien est auto-renforcé par votre hésitation, votre recul ou votre attente!!!!!
La protection de ressource existe, mais pas de façon aussi « at large » que certains éducateurs le prétendent. J’ai vu de nombreux chiens grogner et protéger, dans un but purement ludique!!! Grogner n’est pas toujours synonyme d’agression possible.
Il est de première importance d’apprendre à lire le langage de son chien, afin de pouvoir faire cette distinction. Il est primordial, dès l’arrivée du chiot à la maison, d’instaurer des règles et des limites. Les « ne pas faire » existent, mais il faut savoir orienter vers les « à faire » en favorisant dès le départ les bons comportements.
C’est trop facile de coller l’étiquette « protection de ressource » à un chien. Encore dernièrement, j’ai eu une cliente dont le chien grogne pour, selon le vétérinaire, pour protéger ses choses et donc qu’elle devrait le faire piquer parce qu’il est dangereux avec les enfants. Foutaises! Ce chien est un Alaskan expressif qui parle, grogne, rouspète dans ses interactions quotidiennes avec ses propriétaires. C’est sa façon de communiquer typiquement nordique! Ce chien ne ferait pas de mal à une mouche. Il est expressif et joueur. Ses grognements se produisent lorsqu’il veut jouer ou lorsqu’il veut orienter son propriétaire vers une autre activité moins emmerdante pour lui!
Attention donc aux étiquettes telles que celle de la « protection de ressources ». Elle est facile à apposer, mais rarement véridique. Très rares sont les vrais protecteurs de ressources. La plupart des chiens que j’ai vus en consultation orientent leurs propriétaires vers un comportement d’évitement. Ils veulent avoir la paix! Ils en ont assez de se faire minoucher tout le temps et veulent vivre leur vie de chien. Ils ne savent pas comment avoir la paix, donc ils grognent dès qu’ils en ont l’occasion et, surtout, si le propriétaire hésite ou s’éloigne. Il y a aussi le chien qui a été traité comme un roi dès son plus jeune âge. Aucunes limites ne lui ayant été imposées, il est devenu le diable qui gère toute la maisonnée. Il s’agit souvent d’un chien surprotégé, dorloté et mal éduqué.
La protection de ressource, ça se soigne. Il suffit que le propriétaire change son attitude envers son chien et ce comportement changera positivement.
Publié le 30 mars 2016 sur johanneparent.over-blog.com
Auteur : Johanne Parent