Éduquer son chien sans utiliser la contrainte… Wow! C’est toute une nouveauté!
Du moins, c’est ce que pense le client en voyant les publicités de ces nombreux professionnels du chien qui utilisent cette phrase publicitaire. Personnellement, mis à part certains cas débiles de violence gratuite envers un animal publiés dans les journaux, je ne connais aucun propriétaire de chien qui utilise volontairement et consciemment la violence dans le processus d’éducation de son chien ou de son chiot.
Bien que certains osent encore utiliser la menace du journal roulé, le nez dedans, l’arrachage de tête à coup d’étrangleur, et j’en passe… ils ne le font pas dans un but meurtrier ou abuseur!
Il s’agit de leur part, d’un manque de connaissance des nouvelles approches en psychologie canine et en techniques d’apprentissage, ou une façon de se valoriser face à un être qu’ils considèrent « inférieur ».
Le concept d’éducation sans contrainte fut mis en place systématiquement par les professionnels de nouvelle génération. Cette nouvelle génération faisant la promotion du renforcement positif (R+), il est normal qu’elle bannisse son contraire, c’est-à-dire le renforcement négatif (R-). Ce bannissement est en accord avec la plupart des nouvelles études scientifiques sur le chien et démontre un désir profond de changer les choses.
L’autre génération, celle dont je fais partie, celle qui était déjà dans le métier du chien dans les années 80’, se divise en 2 catégories :
- ceux qui, comme moi, ont changés leur approche et évolués
- ceux qui, trop souvent encore, s’entêtent à utiliser le renforcement négatif comme première approche punitive
Parce qu’aucune uniformité n’existe dans le métier du chien, les clients se font trimbaler d’un extrême à l’autre sans résultat à long terme. Entre les bonbons et le bon coup d’étrangleur, qu’elle est la bonne option. Quoi penser quand, entre ces 2 extrêmes, il existe plusieurs dosages ou approches!?!?!? Le client se sent perdu.
Mais revenons à cette éducation sans contrainte. Existe-t-elle réellement?
Je suis désolée de vous l’apprendre, mais ce n’est qu’une utopie. L’éducation sans aucune contrainte n’existe pas, sauf peut-être dans l’esprit embrumé de nuages roses de plusieurs professionnels de nouvelle génération!
Éduquer sans contrainte, implique nécessairement qu’on n’impose aucune balise au chien. Pas de collier, pas de laisse, pas de harnais, pas de licou, pas de longe, pas de cage ou d’enclos, pas de clôture, pas de murs… bref aucun moyen physique de restreindre les déplacements du chien. De plus, éduquer sans contrainte, implique forcément que les sessions d’éducation ou d’entraînement auront lieu quand le chien décidera, et non quand l’humain décide que c’est à telle heure que le cours de groupe a lieu, ou que c’est maintenant que j’ai 10 minutes à consacrer à son entraînement!
Si Médor préfère dormir ou courir après l’écureuil au lieu d’exécuter vos assis-couché, vous devrez inévitablement l’obliger à changer son focus et accepter de travailler, quand vous l’y obligez. Vous décidez que c’est maintenant, donc vous l’obligez.
Obligation = Contrainte
Ce fait étant établi, on se rend compte qu’il est impossible d’oser prétendre éduquer sans aucune contrainte.
Maintenant, parlons de l’approche globale de l’éducation positive du chien. Peu importe l’accessoire utilisé (licou, harnais ou collier) sur le chien; peu importe le moyen physique de restreindre le chien dans un périmètre (laisse, longe, clôture, murs); en éducation positive, on oriente le chien vers la réponse que l’on veut obtenir.
Orienter le chien vers la bonne réponse veut dire :
- Qu’on doit être calme et patient
- Qu’on doit s’ajuster au rythme d’apprentissage du chien
- Qu’on ne doit pas tomber du côté sombre de la force.
Chaque fois qu’on perd patience, qu’on gueule après le chien, qu’on le brusque, qu’on l’oblige physiquement, qu’on fait du rentre dedans… on ruine plusieurs semaines de travail. On obtient ainsi pour résultat :
- Un chien qui se démotive, qui traîne la patte et a une attitude de « je m’enmerde »
- Un chien qui devient hésitant parce qu’il a peur de se faire punir
- Un chien qui tente de nous tenir tête parce qu’il ne veut plus collaborer
- Un chien qui tente d’éviter la situation en claquant les dents ou en mordant
- Un chien qui fuit ou se cache pour éviter de devoir obéir
- Un chien mal dans ses poils et qui se sent pris au piège
L’éducation du chien de compagnie a pour but de développer un lien d’attachement équilibré avec ses propriétaires. Le chien doit faire partie de la famille et s’y sentir en sécurité. Les propriétaires doivent pouvoir avoir un certain contrôle du chien lors des promenades et de leur vie quotidienne. Ce contrôle s’acquiert par le respect, la compréhension et l’approche ludique. Le jeu prend une place importante dans la vie du chien. Je ne parle pas de jouets, mais de l’interaction entre deux individus (le chien et son propriétaire). Cette interaction doit s’obtenir par le jeu pour être efficace sur le long terme et, surtout, pour que le chien soit respecté en tant qu’individu. Avec une approche positive de l’éducation, on obtient un chien enjoué, alerte, confiant, qui veut collaborer avec nous.
Qu’est-ce qui constitue une contrainte pour le chien, dans un mode « éducation »?
- Le simple fait de retenir un chien ou un chiot par son collier pour le faire asseoir constitue une contrainte.
- Placer physiquement le chien ou le chiot en position assise, couchée ou debout constitue une contrainte.
- Limiter les déplacements du chien en utilisant une laisse ou une longe constitue une contrainte.
- Longer les murs de la salle dans un cours d’obéissance constitue une contrainte.
- Ne pas laisser son chien qui veut sentir ou jouer avec un congénère atteindre son but constitue une contrainte.
Si vous y réfléchissez, rien qu’un peu, vous trouverez d’innombrables autres contraintes auxquelles le chien de compagnie est confronté quotidiennement. L’éducation sans contrainte devrait se lire : L’éducation positive du chien. Là encore, de nombreux professionnels du chien utiliseront ce terme sans savoir le mettre en pratique…
Le client, qu’il ait 2 ou 4 pattes, a droit au respect et à une éducation personnalisée. Les apprentissages doivent être progressifs et tenir compte de la personnalité du chien et de son propriétaire. Le vrai professionnel saura toujours s’ajuster et adapter ses techniques au cas par cas, sans utiliser le côté obscur de la force…
Si vous avez obligatoirement besoin d’un étrangleur, c’est qu’il y a un problème dans la relation.
Publié le 11 mai 2015 sur johanneparent.over-blog.com
Auteur : Johanne Parent